Le Schéma Directeur d’Île de France, un enjeu majeur.

 

Le nouveau schéma directeur de l’Ile de France : des choix cruciaux pour notre avenir

1. Le Schéma directeur de l’Ile de France représente un enjeu important pour chacune et chacun d’entre nous, car il va orienter l’avenir de notre région pour les 20 prochaines années et aura des conséquences majeures pour notre vie quotidienne.

C’est pourquoi il faut que la population francilienne se mobilise et fasse entendre sa voix lors de l’enquête publique, qui se déroulera du 15 octobre au 8 décembre 2007.

Cette mobilisation est d’autant plus nécessaire que le président de la République et le premier ministre sont intervenus en personne pour contester les options arrêtées par la Région, menaçant de bloquer la procédure d’adoption du projet si la Région ne modifie pas son schéma en intégrant leurs propres objectifs et projets, notamment : un poids accru de l’Ile de France, au détriment des autres régions ; de nouvelles autoroutes (prolongement de l’A12 et de l’A16, A104, dédoublement du tronc commun A4-A86) ; la poursuite du programme de bureaux à la Défense, l’urbanisation massive du plateau de Saclay.

2. Notre région, soumise à la logique de la mondialisation, voit s’accroitre gravement ses déséquilibres sociaux et territoriaux et la pression sur ses ressources et milieux naturels, au détriment de la qualité de la vie d’une majorité de franciliennes et de franciliens. La région IDF est l’une des plus riches d’Europe. Elle concentre les sièges sociaux des entreprises qui font le plus de profits et dans le même temps une partie de sa population y vit dans une grande détresse. Les déséquilibres s’accentuent entre le sud-ouest et le nord-est de la région, entre la localisation des emplois dans quelques grands pôles et celle de l’habitat, qui s’étend de plus en plus en périphérie. L’ensemble entraine un nombre croissant de déplacements, qui s’effectuent d’autant plus en automobile que l’on s’éloigne du cœur de l’agglomération.

Nous rejetons avec force la logique qui voudrait renforcer encore la croissance de notre région, sous prétexte que « ce qui est bon pour l’IDF est bon pour la France ». En réalité, cette croissance se ferait au détriment des autres régions de notre pays et de la majorité des Franciliennes et Franciliens, dont le seul bénéfice serait des logements encore plus chers, des déplacements plus pénibles.

C’est ce qui nous conduit à refuser le diktat du gouvernement sur la construction de 450.000 m² supplémentaires de bureaux à La Défense d’ici 2013, qui permettra peut-être de financer la couverture de la RN13 à Neuilly, mais qui entraînera une saturation des lignes de transports et renforcera les déséquilibres avec l’Est de la région, à l’opposé de ce qu’il faudrait faire dans l’intérêt des habitants de l’IDF.

Les défis des prochaines années sont multiples : hausse durable du prix du pétrole, vieillissement de la population, ampleur des phénomènes de précarité. Ils multiplient les risques d’exclusion et obligent à revoir en profondeur les priorités de l’aménagement de notre territoire, sous peine d’être confrontés à de graves crises sociales, comme l’illustre la révolte des banlieues de novembre 2005.

C’est pourquoi nous soutenons les orientations du Schéma directeur adopté par la région, qui reconnaît clairement l’importance de l’enjeu et qui place les intérêts des habitants au cœur de son projet .

3. Nous soutenons les principales options retenues par le Conseil régional pour l’aménagement de l’IDF, notamment :

le choix de la « densification » – qu’il ne faut pas confondre avec l’urbanisme des années 1960 des tours et des grands ensembles, que les habitants de notre région rejettent avec juste raison : il s’agit de consommer moins d’espaces naturels et agricoles et d’organiser la vie des franciliennes et des franciliens autour de pôles urbains à taille humaine, dans lesquels l’habitat est mélangé avec les emplois, les services et les équipements collectifs, ce qui raccourcit les distances de déplacements et permet d’organiser à cette échelle les transports en commun, mais aussi les déplacements à pied et à bicyclette.

Le choix du logement pour tous, à travers l’objectif de 60.000 logements par an, avec une part de logements sociaux de 30%, supérieure à ce qu’impose la loi, pour répondre aux profondes inégalités sociales, alors que la concurrence exacerbée pour l’occupation de l’espace a fait monter les prix fonciers à un niveau tel que l’on assiste à un véritable « exode urbain » des classes populaires et même d’une partie des classes moyennes. Cette situation est intolérable et nécessite une mobilisation collective des pouvoirs publics, qui dépasse la seule volonté régionale.

Le choix des transports en commun face à la vision dépassée du « tout routier » qu’illustrent les projets autoroutiers du gouvernement, qui ne feraient qu’aggraver à terme les problèmes de la région et accroître sa dépendance à l’automobile. L’organisation des transports doit être en effet cohérente avec le schéma d’organisation de l’espace et veiller à assurer l’accessibilité aux services et aux emplois à toutes les catégories de population par des modes doux ou des transports collectifs adaptés. Cela conduit à privilégier les liaisons de banlieue à banlieue, tant dans la petite que dans la grande couronne, ainsi que les déplacements à l’intérieur des pôles.

Le choix de la solidarité territoriale et du rééquilibrage au sein de la région, en terme d’emplois, de logements, d’équipements, d’espaces verts, car chaque habitante et chaque habitant de notre région ont droit à la qualité urbaine, quel que soit l’endroit où ils vivent.

Le choix de la préservation et de la valorisation des ressources régionales dans la logique d’une « éco-région », à travers la réduction des nouvelles surfaces ouvertes à l’urbanisation, la création de « continuités biologiques », la préservation des terres agricoles à proximité des villes, car elles représentent un enjeu majeur pour le développement d’une agriculture nourricière et pour l’expérimentation de nouveaux rapports entre la ville et la campagne. La situation du plateau de Saclay, dont le caractère agricole est menacé par l’Opération d’Intérêt National de l’Etat, qui veut y construire une ville nouvelle, est emblématique à cet égard.

En conclusion, nous appelons la population francilienne :

- à se manifester massivement lors de l’enquête publique et à s’exprimer dans les registres ; à se mobiliser pour défendre les grandes orientations et les principales options du projet de SDRIF adopté par la Région, contre le poids des lobbies, relayés par le gouvernement ; à interpeller ses élus locaux et exiger des positions claires, en profitant des prochaines élections municipales ; à déjouer les manœuvres du gouvernement qui, au mépris de la décentralisation, veut imposer aux franciliennes et aux franciliens un projet régional contraire aux intérêts de la grande majorité de la population ; à dire NON à cette occasion à une croissance exacerbée de notre région, aux projets d’autoroutes de l’Etat, au développement de La Défense et à l’OIN du plateau de Saclay.

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