Conseil communautaire Sud de Seine du 29 mars 2012 – Discours sur le budget 2012
Mes chèr-e-s collègues,
Mon groupe s’est bien sûr déjà exprimé lors du débat d’orientation budgétaire. Essentiellement pour dire sa satisfaction globale quant à ce budget, et par incidence, pour faire quelques remarques.
Je ne reviendrai pas sur la structure budgétaire et sur les contraintes que l’Etat fait toujours peser sur nos finances, nous nous exprimons pour dire notre réprobation sur ce point depuis le début de la mandature. Et de ce point de vue, il n’y a pas grand-chose à faire si ce n’est travailler au renversement aux prochaines élections de ce gouvernement aussi indigne qu’injuste.
Nous nous contenterons donc de saluer, dans ce contexte, la saine gestion de nos finances et le travail des services intercommunaux qui contribuent à l’élaboration de notre budget ainsi qu’à sa bonne exécution. Notre gestion a d’ailleurs été largement saluée par le rapport de la Chambre régionale des comptes, sur lequel je ne reviens pas. Nos capacités financières s’amenuisent malgré tout, et nous espérons pour notre part que nous saurons, le moment venu, faire collectivement le choix de la responsabilité et de la solidarité entre nos territoires, pour le fond de péréquation, mais aussi de manière plus générale.
Sur la répartition des masses globales par thématiques, nous sommes globalement satisfaits, à l’exception bien sûr, vous ne le découvrez pas, de la part que prennent les piscines dans notre budget général d’investissement. Il nous semble que d’autres priorités économiques, sociales, culturelles et écologiques auraient pu être définies, à un moment où nos concitoyennes et concitoyens, et notamment ceux qui sont déjà les plus fragiles, encaissent durement les chocs que la politique sarkozyste leur inflige. Parmi ces priorités, figurent le logement, et la rénovation thermique du bâti ancien. La politique intercommunautaire est embryonnaire en la matière, et les millions d’euros engloutis dans les piscines auraient sûrement été mieux employés si on les avait dédié à lutter contre le mal logement et la précarité énergétique.
Si l’on observe maintenant nos politiques publiques, secteur par secteur, nous souhaitons faire quelques remarques.
· Nous sommes plutôt satisfaits des propositions faites au titre du développement économique, de l’insertion et de l’emploi. Elles reflètent en effet nos préoccupations, en matière d’accompagnement des porteurs de projet, de développement de l’économie sociale et solidaire et plus largement, d’aide au retour à l’emploi. La politique d’insertion de clauses sociales dans les marchés publics a pris son envol, il reste à compléter le volet « clause environnementale ». La dynamisation de l’économie sociale et solidaire va se poursuivre, avec la formalisation de notre politique publique et le lancement de notre appel à projet. Mais dans ces secteurs, la tâche est immense. Et de ce point de vue, si nous sommes en accord avec l’esprit des politiques qui sont conduites, nous aurions volontiers consacré une part plus conséquente du budget à un renforcement de nos actions en matière de soutien à la création d’entreprise et d’emplois sur nos territoires. Je vous rappelle, puisque nous votons ce soir sur le principe de la création d’une école de la deuxième chance, qu’une pépinière d’entreprise avait également été envisagée, et même mentionnée dans certains programmes électoraux. C’est peut-être le moment d’investir au sens strict dans le développement économique et l’emploi…
- Pour ce qui concerne l’environnement, nous saluons la mise en place de nouvelles actions (ajout d’un mois de collecte pour les déchets verts, lombricomposatge, déshydrateur…). Elles nous permettent de poursuivre nos engagements en la matière et de contribuer de manière responsable et innovante à la réduction des pollutions et à la préservation de nos ressources naturelles. Le plan de réduction des déchets qui nous mettons en place avec l’ADEME va évidemment dans ce sens, tout comme notre politique d’éclairage public. Nous avons investi, et attendons de vérifier, sur facture si j’ose dire, le bienfondé de notre investissement.
- Concernant le PTDD, notre appréciation est mitigée, vous le savez. Cette politique est loin de représenter la norme vertueuse à laquelle nous aspirions et qui pourrait permettre aux villes de mener, en la matière, et avec le soutien de l’intercommunalité, des politiques réellement volontaristes. Une fois encore, la transversalité des problématiques est mal appréhendée, et l’urgence à agir minimisée. Nous le regrettons. Certaines actions avancent malgré tout mais il reste encore beaucoup à faire. Le PTDD ne manque pas d’argent, mais de volonté politique. Nous espérons que l’implication des services, soutenue par quelques élu-e-s, finira par porter ses fruits.
Au chapitre des regrets, les transports.
Nous redisons que nous aurions préféré que les sommes dépensées pour Auto’lib soient affectées à un système d’auto-partage qui correspond beaucoup plus à la transition qu’il faut initier dès à présent si nous voulons qu’elle se fasse en douceur. Ce système aurait aussi coûté moins cher pour les utilisateurs, et aurait donc été accessible à tous. Il aurait aussi été meilleur marché pour la collectivité.
Par ailleurs, il nous semble tout à fait impératif que les négociations engagées avec le STIF et la RATP aboutissent dans l’année, afin de maintenir le niveau de service de la ligne de bus 391.
Quant à la culture, mon groupe ne conteste pas les prévisions budgétaires. Dans ce secteur comme à chaque transfert, les budgets des villes ont été soulagés, et l’intercommunalité permet de financer, malgré la crise et le désengagement de l’Etat, des équipements coûteux mais indispensables. Mais pour les écologistes, une communauté d’agglomération doit être bien plus qu’une banque, fut-elle coopérative et solidaire.
Pour conclure, cher-e-s collègues, je dirai que ce budget reflète bien notre manière collective de faire de la politique : prévision, répartition, bonne gestion. Rien que de très légitime. Economes presque par nature, soucieux de ne pas hypothéquer l’existence des générations futures, les écologistes plaident eux aussi pour des choix raisonnables. Mais nous sommes désormais bien au-delà de ça.
Le contexte économique a fait de nous des gestionnaires, des managers, des communicants. L’idéologie des agences de conseils et de notation, qui avait déjà innondé le monde des entreprises privées, subvertit désormais les collectivités territoriales et les services publics. Ne nous y trompons pas. L’imposition de ce pseudo bon sens gestionnaire ne cache rien de moins que l’idéologie la plus libérale et la plus productiviste. La proclamation de la soi disant fin des idéologies nous a conduits à sacrifier bon nombre de nos ambitions. Nous avons finalement jeté le bébé avec l’eau du bain.
Et nous avons eu tort.
Les écologistes portent l’espoir de politiques visionnaires ; de politiques qui expriment un véritable changement dans notre manière de percevoir le monde et de prendre toute notre part dans sa nécessaire transformation. Et cela ne coûte pas nécessairement très cher.
Doit-on rappeler que les initiatives économiques et sociales les plus innovantes sont souvent le fruit de celles et ceux qui se préoccupent de leur survie et qui n’ont pas d’autre choix que d’envisager leur futur à partir de quelques bouts de ficelle ?
Comparés à eux, nous sommes encore riches.
Nous devrions peut-être en profiter pour être à la fois plus clairvoyants et plus audacieux.
Mon groupe votera bien sûr ce budget, et comme Pascal Buchet avait l’air disposé tout à l’heure à satisfaire nos demandes, j’espère que nous aurons autant de chance pour l’audace que nous en avons eu pour le lexique du budget !
Je vous remercie.
Mme Vanessa JEROME
Conseillère communautaire Sud de Seine
Maire-adjointe de Clamart en charge du Développement économique
Présidente du groupe Europe écologie – Les Verts de Sud de Seine