Pour une Europe Queer

Depuis des années, EELV se bat pour les droits des LGBTQI.

Et il n’est pas un jour qui passe sans qu’on nous demande de nous justifier de nos prises de positions politiques sur la question. On nous morigène parfois, en nous reprochant de ne pas plutôt nous consacrer à la survie de la planète. Comme si le temps passé à défendre l’égale dignité des personnes était du temps perdu pour l’écologie. Alors comme Sysiphe revenant sans fin à son rocher, nous reprenons le travail de pédagogie élémentaire qu’il nous faut mener. Pas une minute dédiée à la promotion des droits des LGBTQI n’est une minute de perdue. La justesse de la cause parle d’elle-même. Mais il nous faut ajouter que la clef de notre survie sur la planète est précisément de reconnaître à chacun et chacune les mêmes droits. Le principe de solidarité doit donc guider notre action. Alors, tant que des discriminations perdureront notre engagement ne faiblira pas. CQFD.

Mais qu’il nous soit permis de dire les choses avec clarté : ce n’est pas seulement la froideur d’une démonstration logique qui nous conduit à brandir le rainbow flag au côté du drapeau vert. C’est d’abord un sursaut de la conscience face à l’injustice. Homophobie, transphobie, lesbophobie, biphobie etc.. sont autant de visages de l’arbitraire. Et cet arbitraire, humilie, déshonore, blesse, tue. Il utilise toutes les ressources du langage pour multiplier insultes et quolibets dédiés spécifiquement aux personnes LGBTQI. On tabasse avec des mots, on frappe avec des adverbes, on cogne avec des sentences. On délimite un territoire sémantique pour isoler, trier, séparer le bon grain hétéro de la racaille invertie. Puis, si le fer rouge de la grossièreté ne suffit pas à faire baisser la tête aux coupables, si la déchéance prononcée par un regard méprisant n’intimide pas, si la mitraille de la moquerie ne dissuade pas de s’afficher telle ou tel que l’on est, on passe aux coups. De poings, de pieds, de matraque, de machette ou de pierre, peu importe. Les coups peuvent alors tomber drus, en averse. Quand on hait on ne compte pas. La souffrance doit guérir la maladie, laver l’impureté, châtier le péché. L’essentiel est de rétablir la norme par la force, de remettre sur ses pieds l’ordre social qui assigne à résidence identitaire, fige les genres, et fixe la norme hétérosexuelle comme mesure de toute chose.

On nous dira que nous exagérons. Que les choses vont mieux. Que franchement maintenant les gays peuvent même se marier et que franchement il y a d’autres chats à fouetter. Nous répondrons que la ruse de la raison dominante est toujours de faire accroire que le combat est fini. Il n’en est rien. Toujours il faut lutter pour conserver ce qui a été arraché de haute lutte. Demandez aux femmes si leurs acquis ne sont pas menacés au moment même où l’Alabama décide de revenir sur le droit à l’avortement et où dans plusieurs pays d’Europe des offensives se fomentent contre le droit des femmes à disposer de leur corps. Demandez aux personnes racisées si le spectre du colonialisme ne règne pas encore dans les esprits et continue à alimenter des comportements discriminatoires quotidiens. Et pour revenir directement au sujet de cet édito demandez au LGBTQI si leur vies sont des longs fleuves tranquilles.

Alors nous persistons. Et nous signons. Nos adversaires nous interrompent. « Mais que diable voulez-vous ? La fin de la civilisation ? » Non. Seulement la fin de la haine. Nous voulons la justice. Nous voulons le respect. Nous voulons l’égalité. Nous voulons des droits. Nous voulons nous embrasser à Varsovie, Douala, Paris ou Chicago. Nous voulons marcher dans la rue et chanter sous la pluie. Nous voulons choisir de nous marier ou de ne jamais le faire. Nous voulons nous débarrasser des étiquettes et des assignations. Nous voulons choisir nos partenaires et nos vies comme bon nous semble. Nous voulons qu’on nous foute la paix. Nous voulons la liberté d’être ce que nous sommes et de devenir autre chose encore. Nous avons déjà la fierté. Nous voulons aussi l’indifférence.

Nous voulons une Europe queer pour que les fachos qui prétendent régenter nos vies tournent de l’œil. « Et quoi d’autre encore ? » Sauver le climat. Oui, sauver le climat. Parce que les droits conquis ne serviront à rien si la planète s’éteint. Rendez-vous le 26 mai.

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