Rapport Delevoye : un âge pivot qui pénalise ceux qui ont commencé à travailler jeunes

Jean-Paul Delevoye a présenté ce jeudi les conclusions de sa mission sur la réforme des retraites. Si Europe Ecologie Les Verts peut partager l’objectif de simplification d’un système aujourd’hui trop complexe et peu lisible, et soutenir l’augmentation des pensions de reversion et du minimum de retraite à 85 % du SMIC net, les propositions faites aujourd’hui ne vont pas dans le sens de la justice sociale. Elles pénalisent en effet les salariés précaires et ceux qui ont commencé à travailler jeunes.

– Le système par points est défavorable aux personnes qui ont connu des carrières marquées par des périodes de chômage, de petits boulots précaires ou de travail à temps partiel. Il favorise en revanche celles et ceux qui ont eu des emplois à temps plein avec des rémunérations élevées tout au long de leur vie professionnelle. Cette réforme avantage donc celles et ceux qui en ont le moins besoin et pénalise les autres.

– Le passage à ce nouveau système sera également défavorable aux fonctionnaires et notamment aux enseignants qui ont en France des salaires particulièrement faibles et perçoivent peu de primes.

– Le rapport évoque une bonification des points pour les métiers pénibles, mais il faut rappeler que la majorité actuelle avait réduit en 2017 les facteurs de pénibilité pris en compte excluant notamment les ports de charges de lourdes et les risques chimiques. Europe Ecologie Les Verts exige donc que l’ensemble des facteurs de pénibilité soit intégré et que les bonifications envisagées prennent en compte à leur juste mesure l’impact sur l’espérance de vie en bonne santé des conditions de travail pénibles.

– Enfin, le système de retraites par points proposé crée une forte incertitude sur le revenu futur des retraité.e.s en faisant entièrement dépendre celui-ci de la valeur du point. La volonté sans cesse réaffirmée de réduction massive des dépenses publiques prime désormais sur toute autre considération et pourrait à l’avenir se traduire par une paupérisation croissante des futurs retraités. Alors qu’un des principaux acquis des dernières décennies avait justement été le recul spectaculaire de la pauvreté chez les personnes âgées même si leur situation reste marquée par de très fortes inégalités, notamment aux dépens des femmes.– L’introduction d’un âge pivot de départ en retraite de 64 ans pénalise lourdement et injustement ceux qui ont commencé à travailler jeunes et qui devront tout de même travailler jusqu’à 64 ans pour bénéficier d’un retraite sans décote. Un tel dispositif est par nature contraire au système par point envisagé qui était censé donner plus de liberté aux Françaises et aux Français en termes d’âge de départ. Cette disposition, à elle-seule, rendrait la future réforme inacceptable, si elle était maintenue. En outre, n’oublions pas qu’aujourd’hui, un salarié sur deux qui liquide ses droits à la retraite n’est déjà plus en emploi… Il a été licencié pour inaptitude médicale ou il est au chômage, ou en invalidité ou encore au RSA. Avec aucun espoir de retrouver un emploi, car souvent usé par les conditions de travail passées et avec un état de santé incompatible avec les exigences du travail. Reculer à 64 ans l’âge pivot, c’est augmenter le risque de désinsertion professionnelle pour les salariés les plus fragiles.

Commission économie EELV

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