Observations du groupe EELV Clamart pour l’enquête publique « I3F – Pavé Blanc »

Mr le Commissaire-enquêteur,

Voici notre avis sur le projet d’aménagement du quartier « Pavé Blanc – secteur 3F » tel qu’exposé par le maire de Clamart.

1. Premier argument « les problèmes urbains d’insécurité et d’incivilité perdurant et stigmatisant ce quartier »

Est-ce vraiment une raison pour tout raser ? Ne s’agit-il pas plutôt, après bientôt 6 ans d’existence, d’un constat d’échec de sa police municipale et de son couteux programme de vidéo surveillance ? Est-ce une solution dans le futur de raser tous les quartiers s’ils posent problème ?

2. « Cette opération participe aux objectifs du Schéma Directeur de la Région Ile-de-France »

Mais ces orientations demandent en réalité 4000 logements supplémentaires d’ici à 2030 à Clamart, et 6000 sont déjà réalisés, soit 150% de l’objectif fixé et cela avec 10 ans d’avance ! Donc cet argument est largement injustifié.

3. « Il bénéficie de la proximité exceptionnelle de la Forêt de Meudon (et du tramway) ce qui n’est pas du tout valorisé aujourd’hui »

Là pas de question, il s’agit sans doute de la réelle nature de cette opération : la valorisation, une belle et profitable opération immobilière.

Mais quel gâchis pour les Clamartois !

Quel gâchis économique. Ce quartier a fini d’être rénové en 2015 pour 30 millions d’euros. 30 millions d’euros tout simplement ignorés, jetés par la fenêtre car il suffirait de prolonger, pour un coût bien inférieur, ce programme de rénovation pour que le résultat soit encore plus satisfaisant qu’il ne l’est déjà aujourd’hui.

Quel gâchis écologique. Détruire pour reconstruire va générer des dizaines de milliers de tonnes de déchets dont seulement 10% seront recyclés, et va engendrer la consommation de dizaines de milliers de tonnes de matières premières non renouvelables. Cela générera au passage une empreinte carbone considérable dont nous nous passerions bien aujourd’hui et qui semble incompatible avec les objectifs que la France s’est fixés dans le cadre de la COP 21.

Quel gâchis urbain, puisque la densité de la parcelle va presque doubler ! Si on regarde les plans, la proximité des habitations les unes des autres est juste effrayante en comparaison d’aujourd’hui. L’objectif d’une opération urbaine ne peut se limiter à densifier mais elle doit également contribuer à améliorer le cadre de vie : « Vivre mieux » doit également être un critère.

Mais surtout quel gâchis humain. Des habitants qui sont là depuis fort longtemps se voient pousser hors de leur quartier, avec pour certains des propositions de relogement indignes, plus chères ou plus petites, parfois juste sur plan, sans garantie de pouvoir se reloger dans le quartier. Alors forcément ça ne fonctionne pas bien, ça prend du temps, et c’est alors qu’interviennent des méthodes tout à fait condamnables comme l’affichage de permis de démolir au milieu des logements, la destruction des boxes et de l’environnement des immeubles pour « mettre la pression » sur les habitants.

Détruire pour reconstruire n’est pas écologique, toute la profession et toutes les études le montrent.

Nous soutenons donc que tout ce gâchis est déplorable et indigne. Son coût pour la collectivité va bien au-delà des bénéfices qu’en tireront les promoteurs. La prise en compte de l’intérêt général est incroyablement absente.

Il serait possible d’aménager cet ensemble, dans le respect de ses habitants et de la nature. Ce n’est pas un hasard si le prix Pritzker, qui est la plus haute distinction du monde en architecture, l’équivalent du Nobel dans ce domaine, vient d’être décerné aux Français Jean-Philippe Vassal et Anne Lacaton, qui prônent une architecture qui profite au plus grand nombre. L’un de leurs chevaux de bataille est justement de ne pas détruire ces ensembles de logements, mais de les aménager. Et ils savent le faire avec des budgets modestes et des techniques écologiques éprouvées.

Pourquoi ne pas faire cela à Clamart, dans ce quartier qui s’y prête si bien ? Cette opération comme elle est conçue aujourd’hui est obsolète, dénuée de sens et à contre-courant de son époque. Elle est pourtant bien révélatrice de ce qui arrive à la ville de Clamart aujourd’hui.

Nous demandons donc que cette opération telle que conçue aujourd’hui soit annulée et remplacée par une opération d’aménagement moderne, véritablement écologique et préservant le bâti existant et ses habitants.

Le groupe local EELV Clamart

 

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