MOBILISONS-NOUS CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE !

Les services publics sont de plus en plus menacés et nous pouvons constater chaque jour des reculs, que ce soit dans l’Éducation, la Santé, la Culture. Aujourd’hui, c’est La Poste, service public emblématique, qui est menacée par un projet de privatisation. C’est ce que prépare la transformation de l’établissement public en société anonyme qui sera soumise à l’Assemblée nationale cet automne.

 

Lors de la modification de la Constitution, en février 2008, le gouvernement Sarkozy a inscrit le droit à référendum dans la Constitution. Mais depuis, rien n’a été mis en œuvre pour que cette promesse soit applicable. Nous devons exiger un référendum sur l’avenir de La Poste. C’est pourquoi nous sommes partie prenante du Comité national contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal. Ce comité est composé d’une soixantaine de structures (associations, syndicats, partis politiques).

 

privatisation-poste

Avec le Comité, les Verts appellent les élus, les militants et tous les défenseurs du service public à participer à l’organisation d’une consultation nationale le samedi 3 octobre, partout en France, dans les petites communes comme dans les grandes villes, pour que les citoyens puissent donner leur avis.

 

 

Trois questions à Jean Desessard, sénateur Vert

jean desessard

Pourquoi le gouvernement tient-il à privatiser La Poste alors que les règlements européens ne l’y obligent pas ?

 

JEAN DESESSARD : Rien ne l’y oblige, en effet ! Sur le papier, le projet de loi sur La Poste comporte deux volets. Le premier est relatif au changement de forme juridique de La Poste, qui passerait d’un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) à une société anonyme (SA). Le second volet concerne la transposition de la troisième directive postale européenne. Cette directive impose de s’adapter à la libéralisation des marchés postaux au 1er janvier 2011, c’est-à-dire que l’État s’engage à ne pas fausser la libre concurrence entre le secteur public et le secteur privé, et donc à ne pas donner de coup de pouce à La Poste face aux autres opérateurs. Mais cela n’explique pas le changement de statut, puisque rien n’indique que ces deux volets soient liés. En réalité, le gouvernement nous présente ce changement de statut comme la solution miracle pour sauver l’entreprise, qui est déficitaire. Et comme les caisses de l’État sont vides, la recapitalisation serait donc nécessaire.

 

En novembre 2008, j’ai rencontré le président du groupe La Poste, Jean-Paul Bailly, qui m’a dit qu’il avait besoin de lever près de 3 milliards d’euros d’ici 2011. Selon lui, cet argent servira à armer La Poste face à la concurrence, en permettant la modernisation des locaux et des systèmes d’information des bureaux de poste. Il est bien sûr nécessaire de réorganiser le service postal, qui pâtit fortement de la concurrence d’internet (aujourd’hui seulement 3 % des courriers concernent une correspondance entre particuliers, le reste étant une correspondance entre l’administration et les entreprises ou avec leurs usagers ou clients). Mais cette tendance de fond n’explique pas pourquoi La Poste pourrait mieux faire face à ces défis en devenant une société anonyme ! Et si l’État peut se permettre d’injecter plus de dix milliards d’euros pour soutenir les banques privées, on se demande pourquoi l’argent public ne peut pas être utilisé pour préserver le service public. Les difficultés économiques que rencontre aujourd’hui La Poste servent de prétexte pour pousser encore plus loin le démantèlement de nos services publics.

 

Comment se mobiliser ?

 

JEAN DESESSARD : Le service public postal appartient à tous les citoyens, c’est donc par chacun d’entre nous que doit passer la mobilisation. Le Comité national contre la privatisation de la Poste – dont les Verts et la Fédération des ÉluEs VertEs et Écologistes font partie – souhaite l’organisation d’un référendum pour que l’ensemble des citoyens décide de l’avenir de La Poste. Puisque le Président de la République refuse de l’organiser, une votation citoyenne de masse est prévue le samedi 3 octobre, à chacun de se renseigner auprès de sa collectivité afin d’organiser un vote.

 

Au niveau institutionnel, l’ensemble des parlementaires de gauche s’opposera à ce projet de loi, dont le débat est prévu en octobre au Sénat. Ce texte, comme celui sur le travail le dimanche, va se jouer à très peu de voix. C’est l’ampleur de la mobilisation qui peut convaincre les parlementaires centristes et UMP de voter contre le texte et ainsi empêcher la transformation de La Poste en société anonyme. En effet, pour ces parlementaires qui représentent de petites communes en zone rurale, le maintien des bureaux de poste est une question cruciale.

 

Quelle vision alternative pour La Poste et les services publics en général les Verts défendent-ils ?

 

JEAN DESESSARD : Les Verts défendent des services publics de proximité, transparents dans leur fonctionnement, qui prennent en compte l’environnement. Dans le cas de La Poste, il serait d’absurde d’un point de vue écologique et économique que plusieurs tournées de postes effectuées par des opérateurs différents se superposent là où il n’y a aujourd’hui qu’une seule tournée. Le service public doit également permettre une réelle participation démocratique. Les usagers doivent être représentés et participer à la définition des objectifs des entreprises assurant un service public. Pour La Poste, c’est particulièrement important en zone rurale, où il s’agit d’un service de proximité qui joue un rôle social essentiel.

 

Sur la plan européen, les Verts ont demandé une directive-cadre sur les services d’intérêt général, afin de garantir un haut niveau de cohésion sociale à travers les 27 États-membres.

 

Deux questions à José Bové, eurodéputé Europe Écologie

josé bové

Les politiques de privatisations suscitées par l’Europe sont-elles une fatalité ?

 

JOSÉ BOVÉ : Non, elles ne sont pas une fatalité, mais résultent de choix politiques et idéologiques. Elles s’inscrivent dans la libéralisation complète de l’économie et des services imposée par l’OMC et mise en œuvre par la Commission européenne. Pendant des années, les différents pays européens ont maintenu et développé des services publics qui leur ont permis d’atteindre et de renforcer d’autres objectifs de cohésion sociale, de vitalité des territoires, de justice et d’indépendance face à des multinationales par exemple. Ces choix ne sont donc pas marqués dans le marbre et nous espérons bien changer les choses à l’avenir.

 

Quel enjeu revêt la privatisation de La Poste pour les territoires ruraux ?

 

JOSÉ BOVÉ : La disparition de La Poste dans de nombreuses communes rurales, mais également urbaines – je pense à certaines banlieues, par exemple – entraîne des difficultés concrètes immédiates. Le service ne va plus vers les usagers mais ce sont eux qui doivent se déplacer. Il est bien évident que nos concitoyens qui n’ont pas de voitures, les paysannes à la retraite par exemple, doivent dépendre de la solidarité entre voisins pour se rendre jusqu’au bureau de poste le plus proche. Ce n’est pas acceptable. Les zones rurales sont moins bien desservies que les centres urbains et les phénomènes de désertisation s’accélèrent. Elles sont moins attractives pour les artisans, les commerçants et le cercle infernal se met en place. L’aménagement du territoire et la privatisation de La Poste ne me semblent donc pas faire bon ménage.

 

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