Au Conseil municipal de Clamart d’octobre 2009

 

 

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Rien de très copieux pour cette séance d’octobre : plusieurs demandes de subventions au Conseil régional et des démolitions de vieux bâtiments.

A ce sujet, nous demandons la conservation de certains matériaux sur place dans une logique de déconstrution/reconstruction. Il est en effet absurde d’évacuer des matériaux par semi-remorques s’ils peuvent être réutilisés pour le chantier suivant.

C’est par exemple le cas des pierres des maisons de la rue de Bièvre.

A 21h30, l’ordre du jour était épuisé pour ce qui concernait les délibérations.

Il restait à examiner un voeu dont le groupe des élus Verts était à l’origine : le soutien du Conseil municipal de la ville de Clamart à l’initiative associative « L’ultimatum climatique » dont le but est de faire pression sur les décideurs pour que le sommet de Copenhague contre le réchauffement climatique débouche sur des objectifs et des actions ambitieux.

Lionel Wartelle lu le voeu (voir le texte ci-dessous) dans l’espoir d’un vote à l’unanimité.

L’opposition signala ne pas avoir reçu le document en temps et en heure. Hélas, il semble bien qu’en effet, le cabinet du Maire en charge de ces envois ne lui ait pas transmis le texte à temps. Dont acte.

Mais le plus édifiant fut la façon dont les groupes Socialiste, Communiste et Indépendant refusèrent de voter cet appel. Eux avaient pourtant reçu le projet depuis plusieurs semaines via leur Président de groupe.

Le groupe socialiste considéra que l’enjeu de la lutte contre les gaz à effet de serre était absolument prioritaire mais que le voeu méritait discussions, que le Maire n’avait pas à signer l’appel, que le texte devait être retravaillé mais sans préciser exactement où.

Les communistes étaient bien entendu totalement favorables au principe mais ne pouvaient s’engager en rien, ne sachant pas ce que seraient les déclinaisons concrètes du sommet de Copenhague. Par ailleurs, il fallait préciser le rôle destructeur du libéralisme et du capitalisme dans les désordres écologiques mondiaux. Malgré un amendement dans ce sens proposé par les Verts (*1), cela ne fut toujours pas suffisant pour appeler à lutter contre la surchauffe de la planète !

Quant aux groupes des indépendants, ils n’avaient visiblement pas eu suffisamment le temps d’étudier le sujet pour se prononcer en connaissance de cause.

Malgré l’insistance des Verts du fait de l’importance de ce dossier, la seule décision importante de ces trois groupes de la majorité clamartoise fut de reporter ce voeu à un prochain conseil municipal !

 

Le ridicule, à la différence de l’effet de serre, ne tue pas.

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CONSEIL MUNICIPAL DE CLAMART DU 21 OCtobre 2009

 

Voeu de la ville de Clamart pour la mobilisation citoyenne en vue de la conférence de Copenhague sur le climat et signature de l’appel « l’ultimatum climatique »

 

 

La conférence de Copenhague sur le climat se tiendra du 5 au 18 décembre 2009 pour définir de nouveaux engagements après le protocole de Kyoto de 1997.

Celui-ci défini une baisse de 5,2% des émissions de gaz à effet de serre (GES) ce qui n’est pas suffisant pour enrayer les changements climatiques qui se préparent. Les données scientifiques recommandent que la prochaine période d’engagements (après 2012) fixe des objectifs plus ambitieux afin de limiter l’augmentation de température globale sous les + 2°C par rapport au niveau pré-industriel (1850).

Si ce seuil était dépassé, les impacts pour nos sociétés seraient dévastateurs.

 

Une mobilisation internationale s’organise pour faire en sorte que ces négociations soient un succès au regard de ces enjeux :

  • réduction de plus de 40% en 2020 par les pays industrialisés de leurs émissions de GES ;

  • mobilisation des pays industrialisés pour l’accession à une meilleure qualité de vie des populations des pays en développement tout en maintenant l’effort de réduction de leurs émissions et l’adaptation de leurs territoires aux changements climatiques ;

  • liaison entre climat et développement, dans l’esprit de la conférence de Rio en 1992 sur environnement et développement.

 

Les collectivités territoriales doivent jouer un rôle important dans ces mobilisations.

Sans elles, les engagements internationaux et nationaux ne peuvent être tenus ; elles sont proches des habitants pour faire évoluer les comportements et elles contribuent, par leurs activités, aux émissions de gaz à effet de serre.

Elles ont commencé à développer des actions et une culture commune sur ces objectifs de réduction.

Elles sensibilisent les habitants aux enjeux de la crise climatique.

Elles appuient les initiatives de la société civile.

Elles peuvent être motrices du changement nécessaire via l’exemplarité de leurs actions.

Les collectivités territoriales et leurs associations représentatives ont légitimement vocation à exprimer leur position dans le cadre de la préparation des négociations.

 

La ville de Clamart s’est engagée dans une démarche d’économies d’énergie, d’efficacité énergétique et de production d’énergie renouvelable. Au sein de la communauté d’agglomération Sud de Seine, elle a engagé un plan territorial de développement durable.

 

Parmi les nombreuses initiatives initiées pour la conférence de « l’ultimatum climatique », les associations ont lancé un Appel Copenhague ayant pour ambition de recueillir un million de signatures et qui sera adressé au Président de la République. (http://www.copenhague-2009.com/). Cet appel permettra de donner un mandat ambitieux à la délégation française.

Les associations ont d’ores et déjà prévu plusieurs initiatives importantes dans le cours de l’automne et en ensemble de mobilisations.

A l’instar des associations, des ONG et des citoyen(ne)s de notre pays, les collectivités peuvent s’engager afin d’exprimer leur position et de confirmer leurs orientations en terme de développement soutenable.

 

Il apparaît donc essentiel que la ville de Clamart s’associe à cet appel pour manifester son engagement dans ses mobilisations pour Copenhague, en cohérence avec ses objectifs territoriaux.

 

 

En conséquence, le conseil municipal de Clamart :

 

  • Approuve l’appel « Ultimatum climatique »

  • Autorise Monsieur le Maire à signer l’appel

  • Confirme qu’il s’engage à réduire significativement ses émissions de GES et celles émises sur son territoire

  • Confirme son opposition à une logique néolibérale et capitaliste de développement ignorante des enjeux climatiques dont les populations les plus fragiles sont les premières victimes (*1)

 

 

(*1) Phrase rajouter par le groupe des Verts en séance.

 

 

 

 


* Greenpeace, Action contre la faim, Care, Fédération Internationale des Droits de l’Homme, le Fondation Hulot, les Amis de la Terre, Oxfam, le Secours catholique, Médecins du Monde, le Réseau Action Climat, CCFD, l’Alliance pour la Planète et Attac.

 

Texte de l’appel porté par les associations :

Monsieur le Président,

Au mois de décembre de cette année se tiendra à Copenhague le Sommet de l’ONU sur le climat. Confrontés au péril climatique, les dirigeants du monde entier devront parvenir à surmonter leurs divergences d’intérêts de court terme pour se rassembler autour d’un projet politique mondial fondé sur un constat scientifique objectif et ainsi donner une suite au protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux que nous allons devoir tous ensemble affronter dans les décennies à venir. Le résultat de cette conférence dessinera l’avenir climatique de l’humanité. Or comme le rappelait il y a un an le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, « nous sommes au bord d’une catastrophe si nous n’agissons pas ».

Acteurs reconnus de la protection de l’environnement, des droits humains et de la solidarité internationale, conscients des responsabilités qui sont les nôtres, nous avons décidé pour la première fois de parler d’une seule voix pour vous exprimer publiquement notre préoccupation et vous appeler à agir avec ambition et détermination lors de la Conférence de Copenhague. Au regard de l’ultimatum climatique auquel l’humanité est confrontée aujourd’hui, Monsieur le Président, vous aurez rendez-vous avec l’Histoire en décembre 2009.

Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. L’activité humaine en est la cause. Ses impacts se font déjà ressentir en différents points du globe, notamment par la multiplication des catastrophes climatiques. Si nous n’agissons pas maintenant, ils seront sans aucun doute encore plus dévastateurs. C’est le constat sans appel de 2 500 scientifiques du monde entier qui ont reçu collectivement le Prix Nobel de la Paix en 2007 pour leurs travaux sur le phénomène des changements climatiques. Depuis, de nouveaux éléments scientifiques montrent, chaque jour, que le climat se dérègle au-delà des prévisions les plus pessimistes, avec des conséquences bien plus précoces que prévues et d’ores et déjà visibles.

S’il est encore difficile d’évaluer avec précision l’amplitude des impacts, le danger est en revanche déjà certain. Ecosystèmes ravagés, variabilité climatique extrême, hausse du niveau des océans… : les premières victimes de ces catastrophes en chaîne sont les populations déjà vulnérables en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, du Sud Est ou dans de nombreux pays insulaires. La sécurité alimentaire, l’accès à l’eau ou à la terre sont gravement menacés et des centaines de millions de personnes risquent d’être poussées à l’exode, grossissant les rangs de ceux que l’on nomme les « réfugiés climatiques ». Dans un monde de crises, nous craignons que la guerre, l’autoritarisme, les inégalités, la misère et la souffrance humaine prennent encore un peu plus le pas sur la paix, la dignité humaine et la démocratie.

L’urgence climatique nous commande donc d’agir à la hauteur des périls qui sont devant nous. Nous maîtrisons déjà la plupart des technologies nécessaires pour relever le défi d’un mode de développement qui intègrerait à sa juste mesure l’impératif climatique. De plus, cette rupture avec un modèle de développement hérité d’un passé révolu recèle des opportunités d’économies, d’emplois et d’innovations considérables. Encore faut-il que nous prenions la décision politique de le faire.

Tout d’abord, il faut impérativement parvenir à stopper la croissance des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2015 avant de les faire décroître. C’est la seule voie pour limiter le réchauffement des températures bien en dessous de 2°C, seuil au-delà duquel la capacité à s’adapter de nos sociétés et des écosystèmes est menacée. Pour ce faire, Les pays industrialisés, dont la France, doivent s’engager collectivement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici à 2020 par rapport à 1990.

Mais cela ne sera pas suffisant. Les pays en développement doivent, eux aussi, mettre en place les politiques industrielles, énergétiques et agricoles qui limiteront la croissance de leurs émissions avant de les réduire, sans compromettre leur légitime aspiration au développement économique et social. L’accord de Copenhague devra permettre à ces pays d’évoluer vers des modèles sobres en carbone. Il devra aussi leur permettre de s’adapter aux conséquences inévitables du changement climatique.

Pour nombre d’entre eux, en particulier les plus vulnérables, ces actions ne pourront se faire sans le soutien financier et technique des pays industrialisés. Les besoins d’ici à 2020 sont évalués à plus de 100 milliards d’euros par an. C’est moins de 10% des dépenses militaires mondiales.

Responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui dans l’atmosphère, munis de capacités d’action plus fortes, les pays industrialisés portent la responsabilité morale, légale et économique de mener le combat contre le dérèglement du climat. Monsieur le Président, vous vous devez de prendre la tête de ce combat qui est sans aucun doute l’enjeu de ce siècle. Notre avenir commun dépendra dans deux cents jours des choix politiques qui seront faits.
Serge Orru, WWF-France Pascal Husting, Greenpeace France François Danel, Action contre la Faim Olivier Braunsteffer, Care France Souhayr Belhassen, FIDH Nicolas Hulot, Fondation Nicolas Hulot Anne Bringault, Les amis de la terre Michel Bruguière, Médecins du Monde Luc Lamprière, Oxfam France Agir Ici Sandrine Mathy, Réseau Action Climat Michel Roy, Secours Catholique

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