#20 Portrait d’écolo : Marie-Claude Fournier

J »ai été sensibilisée à l’écologie grâce à l’étude de divers écrits de René Dumont (notamment L’Afrique noir est mal partie) durant les cours d’économie au lycée Paul Éluard de Saint-Denis en 1976. Il alertait déjà sur le pillage des richesses du tiers monde par les pays riches gaspilleurs et pollueurs qui mettrait en péril l’existence des populations du tiers-monde et de manière plus large de la planète. J’ai alors pris conscience de l’importance du rééquilibrage des rapports pays du Nord-pays du Sud. L’écologie et le tiers-mondisme étaient et restent infiniment liés. Je n’ai pas pu voter pour René Dumont en 1974 car j’étais trop jeune. Son livre L’utopie ou la mort demeure visionnaire car il annonçait l’effondrement de notre civilisation. Il était victime à l’époque d’ironie alors que tout ce qu’il affirmait se révèle vrai aujourd’hui. Je vis à Clichy depuis 40 ans, c’est dans ma ville le 29 Janvier 1984 que le parti Les VERTS a été fondé. Je me suis alors intéressée au projet de société porté par le parti, et m’y suis pleinement retrouvée, j’ai donc adhéré en Janvier 1986.

La valeur écologiste qui m’importe le plus est la justice car elle s’avère prépondérante pour solutionner le dérèglement climatique. Les peuples du Sud et les populations les plus fragiles dans notre pays sont les premières victimes des désordres climatiques et subissent les excès de l’économie libérale imposée par l’Occident. Trop de « pseudo-penseurs » influençant les politiques traditionnelles opposent l’écologie et le social, la défense de l’environnement et la lutte contre le chômage. C’est cette économie fonctionnant sur la croissance à tout prix sur une planète aux ressources limitées qui crée les désordres environnementaux et sociaux, la pollution et l’exclusion. La pandémie qui est liée au mal-développement devrait pousser à construire un autre monde fait avant tout de coopération et non de concurrence, mais quand on entend les discours dominants, on a l’impression qu’aucune conclusion ne sera tirée. Or les valeurs d’avenir pour un monde vivable, ce sont l’écologie, la solidarité et la citoyenneté.

La récente reconnaissance par la Justice de l’inaction climatique de l’état français dans le réchauffement climatique est pour moi une victoire majeure. J’ai soutenu le recours en justice de l’Affaire du Siècle portée par Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH), Greenpeace France et Oxfam France. Je salue la détermination avec laquelle ces organisations se sont battues pour que les droits fondamentaux des citoyennes et des citoyens et les générations futures soient garantis face aux changements climatiques. J’attends donc avec espoir et impatience que la justice ordonne à l’État de prendre de véritables décisions pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et respecter ses engagements pour le climat. Une nouvelle audience aura lieu au printemps.

Plus globalement, je dirais aussi que, de voir toujours plus de partis politiques s’emparer de questions environnementales ces 4 ou 5 dernières années, prendre parfois conscience d’enjeux que notre parti défend et de combats que nous menons sans relâche depuis près d’un demi-siècle, me donne du baume au cœur. Je reste convaincue que l’écologie doit être au centre du projet et que « verdir » un programme ne peut être qu’un échec.

Mais cela participe à un éveil des consciences et à une diffusion plus large de nos idées. Cela renforce également mes convictions et m’anime au quotidien pour continuer à militer pour le monde d’après.

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